La femme d’Amadou Ali, otage de Boko Haram, écrit à Paul Biya

Le document qu’on attribue à l’épouse du Vice-Premier Ministre appelle le Chef de l’Etat à réagir rapidement, pour la libération des otages enlevés à Kolofata.

Cameroun – Enlèvement de la femme d’Amadou Ali: Un tract en circulation

Le document qu’on attribue à l’épouse du vice-Premier ministre, appelle le chef de l’Etat à réagir rapidement, pour la libération des otages enlevés à Kolofata la veille de la célébration du jeûne du ramadan.

Au siège du journal La Météo, un document anodin, glissé sous la porte de l’entreprise de presse dans la nuit de vendredi à samedi, crée divers sentiments et interprétations. Sur le plan physique, le document qui ne porte étrangement pas de signature, a tout l’air d’un tract défraîchi et vieilli par le temps et les usages.

Dans le document, l’auteur qui écrit au Président de la République, fait savoir qu’elle a été contactée par l’un des geôliers afin de faire parvenir un message au président camerounais.

«Je ne sais pas si c’est possible. Mais je ne peux qu’accepter cela, parce que je n’ai pas de choix. J’essaye de lui parler en français et il se charge de l’écrire en l’une des langues qu’on parle ici. Il est d’ailleurs l’un des rares, à comprendre un peu le français. Là où je me trouve, on ne parle qu’haoussa, arabe, kanuri et parfois l’anglais», explique la prétendue épouse, du vice-Pm qui semble préciser que les lignes ainsi rédigées le sont de la main d’un autre individu pendant qu’elle ne fait que lui parler afin qu’il prenne des notes. Dans la suite, elle passe à la description de l’environnement de détention.

«Monsieur le président, je ne reviens pas sur les circonstances de mon enlèvement. J’imagine quand même que vous les connaissez déjà, comme beaucoup de Camerounais. Monsieur le président, je ne sais pas où je me trouve. Mais, je remercie dieu parce que jusqu’à ce jour, je n’ai pas été physiquement violentée. Mais, j’ai très peur chaque jour et à chaque instant. A 12h par exemple, je ne sais pas si 13h va me trouver en vie. Nous vivons l’instant et comme ça chaque jour. C’est difficile de vivre dans ces conditions, surtout quand on est gardé par des hommes toujours fâchés et armés», poursuit le tract, rédigé curieusement en français, alors qu’on se serait attendu à ce qu’il soit rédigé en haoussa, en arabe, kanuri ou alors tout au moins en anglais.

Si l’on imagine effectivement la peur, l’angoisse et les inquiétudes de l’épouse de M. Amadou Ali et des autres personnes enlevées avec elle, difficile cependant de savoir jusqu’à quel niveau ce document peut être fiable, surtout qu’il n’est pas assumé. Toujours est-il que le narrateur fait savoir que grâce à la clairvoyance du chef de l’Etat, la famille Tangui Moulin-Fournier enlevée à Dabanga a été libérée par les soins de Paul Biya. L’énumération des faits d’armes du chef de l’Etat se poursuit avec la libération du père Vandenbeuch, des religieux canadien et italiens. Aussi appelle-t-elle le Président de la République à user du même tact et de la même force diplomatique, pour les faire libérer.

«Monsieur le président, ne nous abandonnez pas. Grâce à vous, la famille Tangui a été libérée. Grâce à vous le père Vandenbeuch a été libéré. Grâce à vous la sœur canadienne et les prêtres italiens ont été libérés. Monsieur le président, je veux retrouver mon époux. Monsieur le président, je veux retrouver ma famille. Monsieur le président, je veux retrouver ma liberté. Monsieur le président, vous êtes un homme juste. C’est le seigneur Dieu tout puissant qui vous a donné de diriger le Cameroun, notre pays. Monsieur le président, vous êtes un homme éclairé. Monsieur le président ne nous abandonnez pas. Merci.», peut-on y lire.

Le tract en question

« Monsieur le Président Paul Biya,

Je suis l’épouse de Monsieur Amadou Ali née Françoise-Agnès Moukouri. J’ai été contactée par l’un des gardiens qui propose de m’aider à vous faire parvenir ce message. Je ne sais pas si c’est possible. Mais je ne peux qu’accepter cela, parce que je n’ai pas de choix. J’essaye de lui parler en français et il se charge d’écrire en l’une des langues qu’on parle ici. Il est d’ailleurs l’un des rares à comprendre un peu le français. Là où je me trouve, on ne parle qu’haoussa, arabe, kanuri et parfois l’anglais.
Monsieur le Président,

Je ne reviens pas sur les circonstances de mon enlèvement. J’imagine quand même que vous les connaissez déjà, comme beaucoup de Camerounais. Monsieur le président, je ne sais pas où je me trouve. Mais, je remercie Dieu parce que jusqu’à ce jour, je n’ai pas été physiquement violentée. Mais, j’ai très peur chaque jour et à chaque instant. A 12h par exemple, je ne sais pas si 13h va me trouver en vie. Nous vivons l’instant et comme ça chaque jour. C’est difficile de vivre dans ces conditions, surtout quand on est gardé par des hommes toujours fâchés et armés.
Monsieur le président,

Ne nous abandonnez pas. Grâce à vous, la famille Tangui a été libérée. Grâce à vous le père Vandenbeuch a été libéré. Grâce à vous la sœur canadienne et les prêtres italiens ont été libérés.
Monsieur le président,

Je veux retrouver mon époux.
Monsieur le président,

Je veux retrouver ma famille.
Monsieur le président,

Je veux retrouver ma liberté.
Monsieur le président,

Vous êtes un homme juste. C’est le seigneur Dieu tout puissant qui vous a donné de diriger le Cameroun, notre pays.
Monsieur le président,

Vous êtes un homme éclairé.
Monsieur le président,

Ne nous abandonnez pas. Merci. »

Dieudonné Mveng | La Météo

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