Mondiaux de judo : Audrey Tcheuméo, la force brute

En équipe de France, on la surnomme « Tchoumi », plus rarement « le boeuf ». Un mignon sobriquet qu’Audrey Tcheuméo s’approprie volontiers et qui a le mérite de caractériser parfaitement son judo tout en puissance qui use, broie et lamine ses adversaires. Mais à force de vouloir trop jouer des muscles, la taulière charismatique de Villemomble en oublie parfois de la jouer tactique, d’apporter cette petite finesse et cette lucidité qui manquent à son judo rentre dedans.

Aux championnats du monde à Tcheliabinsk, la Française a toutes les cartes en main pour mettre à genoux la catégorie des -78 kg, dont elle avait été sacrée reine à Paris en 2011 à la surprise générale. Mais prudence. Audrey Tcheuméo n’aime rien moins que le statut de favorite. Championne d’Europe en avril à Montpellier, elle devra encore livrer une bataille contre elle-même pour ne pas plonger sans raison dans une spirale négative.

En août 2013, lors des championnats du monde à Rio, on l’avait déjà vu flancher en demi-finale face à une Canadienne largement à sa portée. Alors qu’elle menait au score, la judoka s’était laisser piquer au sol comme une débutante par son adversaire médusée, qui n’en revenait pas de passer l’obstacle aussi facilement. La Nord-Américaine se désintégra par la suite. Audrey Tcheuméo alla chercher, elle, la petite médaille de bronze. Mais que de regrets pouvait-elle nourrir… « Elle a fait une erreur de benjamins. C’est terrible, mais c’est comme ça avec elle. Il va falloir travailler sur la gestion des combats », avait alors déploré Christophe Massina, son entraîneur en équipe nationale.

« Tchoumi est de retour »

A l’en croire, les erreurs sont bel et bien finies. « Tchoumi est de retour », avait-elle lancé aux journalistes après sa médaille de bronze au Tournoi de Paris en février. Un serment tenu aux championnats d’Europe à Montpellier en avril qu’elle survola sans jamais être inquiétée.

« Elle sait qu’elle peut battre tout le monde. C’est sa force, mais aussi sa faiblesse », note Martine Dupond, responsable des Bleues. Les admirateurs de la judoka conservent d’elle le souvenir impérissable de son titre magique arraché dans son jardin parisien à Bercy à grands coups de fauchages, une technique qu’elle avait apprise deux semaines auparavant. Sans se poser de question, la jeune femme, 21 ans à l’époque, avait labouré le tableau pour faire exploser en finale celle qui allait devenir championne olympique de la catégorie un an plus tard à Londres : Kayla Harrison. Une adversaire qu’elle aurait encore pu battre en finale du grand rendez-vous planétaire de 2012 s’il ne lui avait pas (encore) manqué de lucidité face à la Britannique Gibbons.

A n’en pas douter, et tous les observateurs avisés s’accordent , Tcheuméo est bien celle qui possède le plus de potentiel dans cette catégorie. La voir à nouveau sur la plus haute marche du podium mondial à Tcheliabinsk est donc une hypothèse plus que raisonnable. Ça ferait même un effet bœuf !

Florent Bouteiller / Lemonde.fr

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