Cameroun – Belles-Lettres: Marafa Hamidou Yaya fait «le choix de l’action»

L’ex-ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation, écroué depuis avril 2012 qui avait habitué le public à ses lettres ouvertes,  et interview outre-barreaux,  mastérise sa communication et sa grande activité éditoriale en proposant au public, « le choix de l’action », qu’il présente comme ses «dix ans au Minat».

C’est sur 409 pages, pas moins que Marafa Hamidou Yaya présente son bilan à la tête du ministère de l’Administration territoriale et subsidiairement de la décentralisation, puisqu’il l’abrège Minat et
non Minatd comme dispose le dernier décret créant cette administration. Sur ce quasi demi-millier de pages, le célèbre détenu du Secrétariat d’Etat à la Défense (Sed) prévient dans l’avant-propos
de l’ouvrage qu’il signe lui-même comme tous les autres discours de cortège (post scryptum, annexes) qu’il ne s’agit pas de ses mémoires, car ce type de littérature marque généralement la fin de carrière des hommes politiques et autres visages publics dans les habitudes des milieux de l’édition. Pour Marafa Hamidou Yaya, il s’agit simplement d’ «assumer le passé pour reconstruire l’avenir».
Car, aussi détonnant que cela puisse être,  à 62 ans, l’ex-secrétaire général de la président de la République parle d’avenir et l’entrevoit certainement sous de bons auspices. Et ce,  malgré la peine de prison de 25 ans qui lui a été infligée en 2012 pour détournements de deniers publics. Lui-même reconnaît qu’à son âge ce type de peine est assimilable à la peine à vie. Mais exprime de façon sibylline, qu’il pourrait recouvrer sa liberté bien avant le terme de celle-ci, puisqu’étant reconnu par des instances internationales et de pays amis comme prisonnier politique au Cameroun. Mais pour se préparer à l’avènement de ce jour, Marafa tisse sa toile et présente sa part de bilan à «la mangeoire» comme qui dirait. Il indique dans les quatre parties qui constituent la substance de son ouvrage édité aux Editions du Schabel que tient le journaliste Haman Mana, Dp du Quotidien Le
Jour, ce qu’ont été ses « dix ans au Minat». Ces années faites de réussites, mais aussi d’échecs ; de grandeur, mais également de misères. Des misères comme celles causées par la non prise en compte
de ses nombreuses propositions pour l’organisation plus efficace des élections, pour l’aménagement de la protection civile, pour l’accélération du processus de décentralisation.
Destin
Marafa Hamidou Yaya veut-il en ressortant ou en mettant en valeur ses efforts remarquables observés par ses nombreux collaborateurs qu’il prend à témoin, au cours de l’exercice de cette parcelle de pouvoir que lui a confié Paul Biya qu’il présente comme principal responsable de la déchéance sociale et économique du Cameroun, se démarquer du bilan du Renouveau que tous les esprits honnêtes trouvent moyens ? Oui assurément ! Pour l’illustrer, il ressort les propositions faites à l’époque pour éviter les conflits à Elecam, les mesures proposées pour mettre le Cameroun à l’abri de certaines catastrophes, celles prises et appuyées pour éviter une crise politique découlant de l’impréparation des élections couplées législatives-municipales de 2002  ou encore son engagements à l’étranger pour ramener de bons contrats dans son pays etc. A la clé, et à travers les tranche de vie de Minat et des scènes vécues dans les allées du pouvoir,  il rend le peuple lui également responsable de ce recul, lui qui a élu et réélu Paul Biya à maintes reprises. D’où certainement son appel à l’action… l’action d’un peuple qui prend son destin en main. Mais davantage, l’ancien ministre d’Etat identifie son indépendance d’esprit, sa résistance devant certaines options du président comme une des sources de ses malheurs. Cette identification ayant un objectif à double détente : celui de démontrer son démarquage du régime de Yaoundé, ce qui le rendrait moins comptable que les autres des échecs stratégiques et celui d’indiquer que c’est pour n’avoir pas ciré les pompes du chef qu’il est tombé en disgrâce. Farfelu ? Non certainement !  Si l’on se souvient que  les régimes trop longs essayent toujours de manger  leurs enfants pour se maintenir. Le débat est en tout cas ouvert …

© Prince EWAH | Le Messager

Le Choix de l’action : mes dix ans au Minat, Marafa Hamidou Yaya,
Editions du Schabel, 2014, 409 pages, 15 000 Fcfa

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