Des réalisateurs africains esperent une revolution numerique au FESPACO

L’usage du support numérique est « une chance », car il peut permettre à tout cinéaste de concrétiser un projet dormant dans un tiroir faute de financement, font valoir des réalisateurs confirmés, interrogés par l’AFP au Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) en cours jusqu’à samedi.

« Un film tourné en argentique revient plus cher et demande beaucoup plus de temps », explique Kramo Lanciné Fadika, lauréat du Grand Prix du Fespaco en 1981 pour « Djeli ».

« D’abord, il faut faire venir les pellicules d’Europe, rapatrier les rushes pour voir s’il n’y a pas de problème dans le tournage, les renvoyer en Afrique ensuite. . . et puis, c’est quand même 40 ou 50 kg de pellicules à transporter à chaque fois. Cela renchérit le coût du tournage en 35 mm », dit-il.

« Avec le numérique tout est sur place, insiste-t-il. On n’a pas besoin de tout ça ».

Natif du Burkina Faso, Boubacar Diallo, 46 ans, dont le film « Coeur de lion » est en compétition officielle pour l’Etalon de Yennenga, a pu tourner en HD (haute définition) et s’en félicite: « Je n’ai pas eu besoin de me tourner vers des bailleurs occidentaux pour financer mes premiers films. J’ai eu l’argent qu’il me fallait ici ».

« Coeur de lion » a cependant dû être kinescopé (enregistré sur de la pellicule 35 mm) pour respecter les normes établies par le Fespaco pour la compétition officielle.

Ont également été tournés sur support numérique « Le fauteuil » de Missa Hébié (Burkina Faso), « Les feux de Mansaré » de Mansour Sora Wade (Sénégal), « Mah Saah-sah » de Daniel Kamwa (Cameroun) ou encore « Fantan Fanga » des Maliens Adama Drabo et Ladji Diakité.

Mais pour figurer parmi les 19 longs métrages de fiction de la sélection officielle à Ouagadougou, tous ont dû kinescoper leur film.

En dépit des critiques, les organisateurs du Fespaco se refusent à introduire les films sur support numérique pour la compétition officielle long métrage, invoquant « le règlement » décidé par les cinéastes eux-mêmes aux débuts du festival, qui fête ses 40 années d’existence (1969-2009).

« Tout festival qui se respecte à un règlement qu’il établit pour la compétition et, au Fespaco, le numérique n’est pas absent: il est bel et bien présent dans la section court métrage et TV/Vidéo », souligne Ardiouma Soma, directeur de la Cinémathèque du Burkina et responsable de la Commission programmation des films pour cette 21e édition.

« Une façon de voir dépassée » de l’avis du réalisateur sénégalais Hadji Samba Sarr, 41 ans, en compétition avec le court métrage « La discorde ».

« On est pauvre et le cinéma coûte cher. Le numérique est une chance pour nous. Les gouvernements africains n’ont aucun moyen pour nous permettre de faire des films coûteux. Ils (les organisateurs de festival, ndlr) n’ont donc pas à nous imposer des standards coûteux », fulmine-t-il.

Le Malien Ladji Diakité relativise cependant: « C’est vrai qu’avec le numérique, c’est plus pratique, vous voyez ce que vous tournez. Mais du point de vue coût, ce qu’on l’on gagne au tournage, on le perd à la finition, parce qu’il y a l’étalonnage, le kinescopage. . . En plus, certaines caméras HD sont à 25 images/secondes qu’il faut ramener à 24 images pour le film ».

 Par Jeuneafrique.com

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