Téléphonie mobile : Ce que coûtent les perturbations

Les désagréments subis par les usagers de téléphonie mobile, ces dernières semaines au Cameroun, sont nombreux : échecs répétés des appels, mauvaise qualité des communications, SMS qui ne passent pas du tout ou qui arrivent tardivement, etc. On est même parfois surpris d’entendre une voix dire que « le numéro que vous venez de composer n’est pas attribué ». Une annonce d’autant plus curieuse que le numéro en question vous est familière. Approché par CT, les opérateurs de téléphonie mobile pointent un doigt accusateur sur « l’instabilité chronique actuellement observée dans la fourniture de l’énergie électrique ». La plupart des pylônes fonctionnant au courant électrique, l’interruption brusque et prolongée de ce courant a inéluctablement un impact sur la qualité des communications,  explique Melvin Akam, MTN Cameroon Corporate Affairs-MTN House.

Du côté d’Orange Cameroun, Cyril Mvondo, directeur des opérations, accuse également les interruptions dans la fourniture de l’énergie électrique ainsi que l’intense activité pluvio-orageuse.

Toujours est-il que ces dysfonctionnements ne sont pas nouveaux. Il y a deux ans, l’Agence de régulation des télécommunications (ART), le gendarme du secteur, avait lui-même décrié dans nos colonnes (juin 2012) la dégradation de la qualité du service rendu par les deux opérateurs, suite aux multiples plaintes des usagers. Les opérateurs avaient même contesté les résultats des contrôles effectués sur le terrain par les experts de l’ART. Au point où celle-ci avait dû muscler le ton et brandir l’arme des sanctions. A l’ART justement, les perturbations constatées trouvent davantage leurs origines dans des problèmes structurels. « La capacité des réseaux de mobiles ne répond pas de manière efficace aux besoins de plus en plus croissants des usagers. Ceci est dû à une augmentation exponentielle du trafic sous l’effet des offres promotionnelles, les baisses des tarifs, mais surtout à l’utilisation des Smartphones, tablettes, etc. qui a fait exploser le trafic internet et a entraîné la congestion des réseaux d’accès. En effet, le trafic Data représente aujourd’hui environ 75% du trafic total du réseau des mobiles », explique-t-on à la direction technique de l’ART. Trois autres raisons sont évoquées : les mises à jour du système pour s’arrimer aux différentes innovations qu’impose l’évolution technologique ; certaines zones connaissent des problèmes soit du fait d’une augmentation ponctuelle des populations (événement) ou du fait d’un déficit chronique des sources d’énergie ; enfin, les travaux ponctuels effectués par les opérateurs pour se préparer à l’introduction de la portabilité et au changement du plan de numérotation.En attendant l’entrée en service plusieurs fois reportées du troisième opérateur de téléphonie mobile, porteur d’espoirs plus ou moins fondés, les clients ordinaires de MTN  et d’Orange tout comme le monde des affaires payent un lourd tribut.En plus de nombreux rendez-vous d’affaires manqués du fait que l’un des partenaires était injoignable, les commerçants évoluant dans le secteur informel de la téléphonie mobile, appelés communément « call boxeurs », voient leurs chiffres d’affaires et leurs bénéfices se réduire quand le réseau est fortement perturbé.Au final, il va de soi que quand ça tourne mal, c’est l’usager qui perd parce qu’il lui est facturé une communication qui a été mauvaise et n’a servi à rien. Pendant la dernière enquête nationale sur le climat des affaires au Cameroun, deux tiers des entreprises ont déclaré que les coûts des services de télécommunications sont élevés et alourdissent leurs coûts d’exploitation. Si en plus de ces coûts le service rendu laisse à désirer. Aller voir !

Rousseau-Joël FOUTE / cameroon-tribune.cm

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Economie
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