Titus Edzoa règle-t-il ses comptes à Paul Biya?

Son silence après sa libération augurait un opuscule qui regorge des réalités qui donnent froid dans le dos. L’ancien secrétaire général de la présidence de la République, emprisonné depuis plus de 15 ans au Secrétariat d’Etat à la défense (Sed), dans son ouvrage de 155 page livre les secrets sombres d’un pays dont l’agonie morale défie tout entendement. L’auteur, dans une écriture soutenue et profonde fait le résumé de ses réflexions et méditations, alors dans une période de sa vie ponctuée d’humiliation, d’incompréhension, d’introspection et autres atmosphères qui à bien des égards pourraient susciter en un ange l’instinct suicidaire. C’était sans compter sur sa témérité, sa détermination, son ouverture d’esprit qui lui auront permis de tenir debout. A peine feuilleté, le livre est troublant!

La lecture « Méditations de prison (Yaoundé, Cameroun). Echos de mes silences », récemment édité chez Karthala, donne froid au dos. La préface (redigée  par Odile Tobner, veuve du très respecté écrivain Mongo Beti) en dit suffisamment long : « Les méditations qu’IL (le Pr Titus Edzoa Ndlr) nous livre, sur son expérience de la captivité, de la solitude, mais aussi sur les thèmes spéculatifs des nombres, de Dieu, sont toutes marquées par la lucidité, la limpidité, la clarté résultant de la maîtrise de l’esprit et de la parole qui sont les siennes, loin des fantasmes et des élucubrations que des esprits faibles peuvent concevoir au contact de réalités qui les écrasent ». Que de choses dans le coeur, et qui le rongeaient à mesure que s’égrainaient le temps, et dont il impute à

ses pourfendeurs, ses détracteurs, mais surtout à ses bourreaux. L’homme, dans une envolée philosophique,  emploie le vocabulaire qui sied :

« Boire tout frais du sang humain, c’est particulièrement excitant pour les caprices des démons ». Comme l’effet de l’explosion des larves d’une montagne en activité, jaillissent les dessous d’un système dont l’occultisme exacerbant pourrait choquer un faible d’esprit. Oui, le récit est teinté du spirituel mais aussi d’obscurantisme. D’aucuns y perçoivent un message codé sur les pratiques mystiques au sommet de l’État. Cependant, chacun est libre de lire cet ouvrage, et d’en tirer leçons selon son interprétation, car reporte aussi d’un ensemble d’enseignement dans la vie.

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