Bani Ngata Ngoulou : « L’avenir du basket-ball mondial est en Afrique et le Tchad à son mot à dire…»

A l’issue de l’AfroCan de basketball, Bani Ngata Ngoulou, président  de la fédération tchadienne de basketball nous a accordé une interview.

Comment se porte le basketball Tchadien ?

Le Basket-ball dans la forme semble mieux se porter, si on retient les faits saillants de cette année, on peut même penser qu’il se porte très bien. En effet, outre les performances des Sao senior, si on évoque le fait qu’une de nos compatriotes, active dans la détection de talents et développement à travers son projet Sahel Basket-ball au Tchad, a gagné le titre NBA avec les Raptors en tant que membre du Staff…au même titre que Pascal Siakam…C’est une excellente nouvelle pour le pays. Quand on a le premier Tchadien qui foule un parquet NBA en tant que Sixers aux côtés de Joël Embiid, avec un contrat même s’il est partiellement garanti, on est content pour le Pays et rempli d’espoir pour tous les jeunes qui ambitionnent le même rêve…un Stimuli non négligeable dans le développement de cette discipline. Une autre bonne nouvelle. Sinon dans le fond, le Basket-ball souffre toujours car au-delà de ce qui a été dit plus haut, nous avons toujours des problèmes d’infrastructures condition importante pour le développement de notre discipline. Nous connaissons aussi des difficultés à développer nos différentes ligues régionales à cause du manque de moyens surtout dû à un déficit criant en matière d’accompagnement, sponsors et autres problèmes organisationnels. Les entreprises locales et les potentiels partenaires peinent à embarquer dans notre train. En dehors des Brasseries du Tchad qui interviennent régulièrement dans nos sorties internationales, nous sommes un peu laissés à nous-même. L’Etat reste notre principale source de financement et les mécanismes pour aboutir au décaissement relèvent d’un parcours de combattant.  Nous espérons qu’avec nos récents progrès, on nous facilitera l’accès aux subventions.

Le Tchad revient de l’Afro Can de basketball. Quel bilan vous inspire le parcours des Sao ?

Grosso modo, le Bilan est satisfaisant, au regard de notre parcours avant d’aboutir à cette 1ere édition afrocan qui n’a pas été de tout repos. La préparation n’a pas été exécutée comme on le souhaitait mais nous avons essayé de ne pas paraître ridicule et de nous préparer tant bien que mal convenablement et dans la limite de nos moyens. Cette 6e place est une position inédite voir historique tout comme la qualification pour les quarts de finale donc nous pouvons dire que le bilan est positif.  Le meilleur reste à venir !

Le Tchad n’a pas pu se hisser sur le toit de l’Afrique. Était-ce une belle compétition pour vous malgré tout?

C’était une belle expérience pour nous, sur tous les points. Participer à ce genre de compétitions internationales ne peut que nous être bénéfique. C’est en battant le fer qu’on devient forgeron… nous apprenons de nos erreurs tout le temps, ce qui nous permet toujours de rectifier le tir et de mieux nous armer pour les prochaines échéances. Nous allons nous appuyer sur cet échec pour mieux nous relever, comme un moteur diesel la combustion est lente mais une fois lancé, les Sao seront à suivre de très près.

Alors que les autres fédérations de sport au Tchad peinent à décoller, la Fédération Tchadienne de Basket-Ball a quant à elle su se démarquer. C’est quoi votre secret ?

La Passion de cette discipline, la Persévérance et un Travail d’équipe à toute épreuve. La fédération essaie de Sortir des sentiers battus et éviter le piège habituel, la niche de confort de l’état. Si on devait attendre que l’argent vienne avant de mener nos actions, on ne serait pas en train de réaliser cet entretien. Le véritable secret, ne jamais baisser les bras en se fixant des objectifs exponentiels ; La quête de l’excellence. Éviter de se décourager et continuer à cravacher dur pour des lendemains meilleurs. La vraie magie c’est le travail, que du travail et se donner tous les moyens pour y arriver.

Quels sont les goulots d’étranglement qui plombe le décollage du basketball tchadien ?

Le nerf de la guerre, le Cash. On n’investit pas assez sur le basket-ball au Tchad pourtant en terme d’avantage comparatif par rapport aux autres disciplines, le basket-ball est le sport ultime le plus à même de hisser le Tchad le plus haut possible.

Quel est votre projet de promotion et de développement du basketball tchadien ?

Actuellement, la Fédération est certes préoccupée par la reprise des championnats Sénior masculin dans les différentes régions affiliées. Cependant, le prochain chantier sera focalisé sur l’avenir : la mise en place de différentes ligues U18 U16 masculin et féminin ainsi que le développement de la pépinière à travers le Mini -Basket dans tout le septentrion. La FIBA a intégré aussi dans notre programme d’appui, la vulgarisation du 3×3, nous allons nous y atteler et mettre en branle cette activité dans tout le territoire afin de gagner encore plus de pratiquants de notre discipline. Logiquement, cela implique une mise à jour des structures dirigeantes en terme de gouvernance et surtout des restructurations au niveau de la Direction technique nationale afin d’appliquer de la manière la plus efficiente la politique de développement de la fédération. Des formations et des ateliers de recyclage sont prévues pour nos entraîneurs locaux ainsi que nos officiels de matchs (Arbitre, commissaire, marqueurs de table) pour accompagner tout ce processus de développement.

Quels sont les défis majeurs qui interpellent la fédération tchadienne de basketball ?

Les infrastructures fiables et aux normes pouvant accueillir des compétitions internationales restent notre défi majeur. Participer au maximum aux différents tournois régionaux impliquant les catégories plus jeunes. Nous comptons organiser prochainement un tournoi de jeunes pour notre zone pour nous imprégner des réalités en termes d’organisation avant d’ambitionner d’organiser un tournoi continental, ce sera aussi un moyen d’offrir à notre population du divertissement et aussi une occasion de nous supporter à domicile. On commence petit, mais nous voyons grand dans un futur proche !

Quel est votre vision sur l’avenir du basketball africain en général et tchadien en particulier ?

L’avenir du Basketball mondial est africain, on le sent et c’est palpable. On a des africains au sommet du Basket-ball mondial, Giannis Antetokounmpo, joueur d’origine nigériane qui a terminé MVP de la saison NBA, on a Joël Embiid du Cameroun qui fait des merveilles au poste 5 et Pascal Siakam du Cameroun également qui a littéralement explosé cette saison avec un titre NBA à la clé, Gorgui Dieng du Sénégal, Serge Ibaka du Congo Brazza, Masai Ujiri qui est d’origine nigériane, le Patron de la Franchise de Toronto entre autres. L’avenir du Basketball africain est radieux et plein de promesses. Le Basket-ball tchadien est parallèlement en nette progression, mais nous ne sommes pas encore là où on devrait être cependant la prolifération des Camps de détection et la participation aux différents tournois NBA impliquant les jeunes nous donnent beaucoup d’espoir et nous avons aussi l’appui matériel et technique de la FIBA qui n’est pas négligeable et en capitalisant sur toutes les forces vives qui nous entourent, nous allons y arriver. Comme on dit chez nous, « Yallah Namchou ! » (Allons, seulement !)

Entretien mené Ebah Essongue Shabba

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