Histoire du Colonel Bouba Kaele, un officier qui aura marqué ses contemporains et son époque

Rien ne prédestinait Bouba Kaélé – il était également appelé #Tekwake, faucon, en langue moundang – deuxième enfant d’une fratrie de trois, à la carrière des armes. Né en...

Rien ne prédestinait Bouba Kaélé – il était également appelé #Tekwake, faucon, en langue moundang – deuxième enfant d’une fratrie de trois, à la carrière des armes.

Né en 1920 à Kaélé, il perd son père quand il a trois ans et doit, très rapidement, apprendre à compter sur lui même. Epris d’aventure, il quitte son village natal pour se rendre à Garoua. Là-bas, il vit de petits métiers. Il est convoyeur d’un transport qui assure la liaison entre le nord du Cameroun et le Nigeria, quand Hitler décide de changer le cours de l’histoire du monde. L’Europe et le monde basculent dans la guerre.

La France a besoin de bras jeunes, forts et vigoureux pour la lutte. Bouba Kaélé en est doté avec son physique imposant (il mesure un mètre quatre-vingt et est doté d’une grande force). Il s’engage comme volontaire le 12 décembre 1940 à Kaélé et est incorporé au Bataillon de marche N°5 qui se forme au début de 1941.

Le 1er février 1942, les campagnes commencent pour Bouba, à qui, raconte une anecdote, on a rajouté comme patronyme Kaélé, sa localité d’origine, pour le distinguer des autres Bouba originaires d’autres localités et nombreux dans le bataillon de marche.

Les marches sont nombreuses. Les batailles aussi… Le faucon noir de Kaélé participera à 7 campagnes. La guerre s’achève et le Caporal Bouba Kaélé du Bataillon de marche N°5 est cité à l’Ordre de l’Armée par décret signé du général Charles de Gaulle pour avoir pris part, au sein de la 2è Brigade française libre (DBFL) «aux opérations de Lybie, Tunisie, Italie, Provence et Vosges». Il reçoit la Croix de la Libération et la Croix de Guerre avec palme.

Toujours mobilisé après la fin de la deuxième guerre pour le compte de l’armée française, Bouba Kaélé se retrouve en Indochine du 6 septembre 1951 au 2 septembre 1953. L’environnement est hostile et les combats âpres.

Le 9 Juin 1953, à Xuan-Trai (Nord Viet-Nan), la 4è compagnie du Bataillon de Marche des Tirailleurs Sénégalais N° 32 (BMTS N°32) à laquelle appartient le sergent Bouba Kaélé est prise sous un feu nourri de l’ennemi. Son commandant de compagnie est blessé grièvement. Il faut tout le courage et la bravoure du «sous officier africain dévoué et courageux » pour lui sauver la vie. Cet acte de bravoure lui vaudra une citation à l’Ordre du BMTS N°32.

Ouest-Cameroun – Bouba Kaélé est promu lieutenant, le 1er janvier 1960 par décret N°59.254 du 30 décembre 1959. Il a pour compagnon de promotion Bikelé Daniel, Soboth Lazare, Ngomena Bouba, Maidoki. Ce sont ces officiers, avec à leur tête le capitaine Pierre semengue, qui encadreront les troupes de la jeune armée camerounaise lors du défilé marquant l’indépendance.

Commence alors pour lui une carrière d’officier, au sein de l’armée camerounaise, qui le verra promu capitaine le 30 septembre 1961. L’accompagnent, les lieutenants Etonde Ekoto et Bikele.

La période d’indépendance coïncide également avec la naissance de troubles en pays Bassa et dans l’Ouest du Cameroun. L’armée est mise à contribution pour ramener l’ordre. Bouba Kaélé y participe activement. L’un des diplômes qui accompagne ses nombreuses médailles en donne une idée. Le motif de la distinction est ainsi libellé : «Officier courageux de très grande valeur, dynamique et résistant, adjoint au commandant de la 4è compagnie, s’est fait remarquer de mars à juillet 1960 au cours d’opérations de maintien de l’ordre en pays Bamiléké – a largement contribué par son activité incessante au bilan de la compagnie : 140 rebelles tués, 100 armes récupérées, par son activité de propagande auprès des populations, ramena le calme dans la région de Bangwa-Bagangté. En 1962, cet officier était désigné pour effectuer une reconnaissance de renseignement dans les régions du Mbiang, Mouyang, Doubiang, Nkondjock et Tongo. Au cours de cette mission, a détruit un important maquis de 14 places, fait 4 prisonniers et récupéré des documents très importants». C’est ainsi qu’il sera informé par un texte signé du lieutenant-Colonel Pierre Semengue, commandant de l’armée de Terre, dans un document daté du 14 mars 1967, de sa promotion exceptionnelle dans l’Ordre de Vaillance.

Pour certains de ses chefs militaires et civils, qui souffraient de l’ombre de l’officier originaire de Kaélé, Bouba Kaélé n’est qu’un « illettré », pas digne du corps des officiers d’armée, qui aurait dû s’arrêter dans la troupe. Un avis très vite nuancé par de nombreux officiers. «Avec un Etat-Major, il était un stratège vif et intelligent, limité uniquement que par son manque d’instruction», commente l’un d’eux lorsqu’on l’interroge sur les capacités militaires de Bouba Kaélé.

Bouba Kaélé poursuit sa carrière et est promu lieutenant-colonel le 1er juillet 1968 et colonel cinq années plus tard, le 1er juillet 1973.

Le colonel Bouba Kaélé fait son adieu aux armes à la suite au décret N°79/413 du 9 octobre 1979.

Le 22 septembre 1982, Radio Cameroun ouvrait son journal avec en titre «Le Colonel Bouba Kaélé est mort !». Ainsi disparaissait un officier qui aura marqué ses contemporains et son époque de façon durable par son attitude et un ensemble de valeurs qui donnent au métier des armes tout son attrait et son sens : honneur, fidélité bravoure et courage.

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