L’abandon de Froome est la pire des choses qui pouvait arriver au Tour

Cette cinquième étape, « disputée à l’ancienne », a surclassé tout ce qu’on avait pu envisager. Bien que raboté de deux secteurs pavés sur les neuf au programme, cet opus s’est montré aussi magique que tragique. La faute à des conditions météorologiques épouvantables, à un matériel pas forcément bien maîtrisé par l’ensemble du peloton, la faute aussi à des « cobbles » qui en ont maltraité plus d’un. Et, quand on se remémore tous les évènements qui ont marqué ce mercredi, il n’est pas exagéré de classer cette journée dans la légende du Tour. Très sincèrement, je n’ai pas le souvenir d’avoir assisté à un tel « spectacle » par le passé. 

L’abandon de Chris Froome est indéniablement l’onde de choc du jour. Depuis la veille, certains signes ne trompaient pas. Au kilomètre 85, meurtri et abîmé par trois chutes en moins de 24 heures, son corps a dit stop. On peut ne pas apprécier ce que renvoie ce coureur, ses accélérations mécaniques, sa façon quasi-robotique de tuer les courses, son manque de romantisme en quelque sorte, mais le retrait du tenant du titre est, à mes yeux, la pire chose qui pouvait arriver à cette 101e édition. 

Non, le Tour n’est pas joué au quart de l’épreuve, il est même loin d’être fini. Heureusement. Il va se passer encore beaucoup de choses et personne n’est à l’abri d’un coup du sort. Pas même le maillot jaune qui semble rouler sur l’eau en ce moment. Mais ce duel tant attendu entre le Britannique et Alberto Contador n’aura pas lieu. Et trois jours après le renoncement de Mark Cavendish, c’est une mauvaise nouvelle de plus. Cela aura le mérite d’ouvrir le Tour. C’est déjà ça. En voyant monter le natif de Nairobi dans sa voiture, Sky a perdu sa pièce maîtresse. A Richie Porte de dévoiler son jeu maintenant. Personne n’est irremplaçable. 

L’HUMEUR DU JOUR 

N’en déplaise à Lars Boom, héroïque conquérant d’une épreuve dantesque disputée à 47 km/h de moyenne (avec vent dans le dos ceci dit), Vincenzo Nibali sera évoqué ici. On savait l’Italien maître ès de la polyvalence : bon rouleur, grimpeur de qualité mais surtout excellent descendeur. Ce mercredi, c’est un numéro d’équilibriste qu’a proposé le maillot jaune. De tous les favoris, il est celui qui s’en est sorti le mieux. Avec mention très bien. Pour briller sur ce genre d’étape, il faut de la confiance et de la chance. Nibali en a eu beaucoup. Il faut éviter les chutes et les bris de matériel. Nibali n’est pas tombé et n’a rien cassé. L’acrobate italien a rendu une copie de très haute facture. Le voilà avec près ou plus de deux minutes sur ses principaux adversaires. Et ce qui est pris n’est plus à prendre. 

JUSTE POUR SAVOIR  

Alejandro Valverde a passé les 60 derniers kilomètres sur le vélo de José Joaquin Rojas. Etait-ce le seul coureur à n’avoir jamais pu accéder à sa voiture ? 

En abandonnant, Chris Froome savait-il qu’il succèderait, 34 ans après, à Bernard Hinault, dernier tenant du titre à quitter le Tour l’année suivante avant l’arrivée ? 

Alberto Contador qui donne rendez-vous à Chris Froome sur le Tour 2015 sur Twitter. Cela signifie-t-il que l’Espagnol ne s’alignera pas sur la prochaine Vuelta ? 

TROIS STATS A RETENIR : 

2. Ils étaient quatre au départ, il n’en reste plus que deux. Après Mark Cavendish, non-partant au matin de la deuxième étape, Chris Froome est le deuxième Britannique à quitter l’épreuve. Il ne reste donc plus que Geraint Thomas et Simon Yates en lice. 

9. La victoire de Lars Boom est la première d’un Néerlandais sur le Tour depuis celle de Pieter Weening à Gérardmer, en 2005. C’était un… 9 juillet. 

32’52″ : Le temps de la lanterne rouge, le Colombien Janier Acevedo, à l’arrivée de cette 5e étape. Pour rappel, le coureur de Garmin figurait dans l’échappée du jour. 

François-Xavier RALLET 
Twitter: @FX_Rallet

Categories
Sport
No Comment

Leave a Reply

*

*



COMMENTAIRES FACEBOOK