Nicolas Sarkozy veut « reconquérir » l’électorat du Front national

Vendredi 19 septembre, Nicolas Sarkozy annonçait sa candidature à la présidence de l’UMP sur son compte Facebook. Dimanche 21 septembre au matin, il poursuivait dans les colonnes du JDD et dimanche soir il était l’invité du journal de France 2. L’ancien chef de l’Etat a justifié son retour en politique par les difficultés que rencontre la France. L’état du pays, a-t-il martelé, en appelle à son devoir.

Recours au réferendum pour contrer l’influence des élites et des corps intermédiaires, contrôle des frontières notamment au sein de l’espace Schengen, Nicolas Sarkozy a repris plusieurs des thèmes qui ont fait sa campagne présidentielle.
Les raisons de son retour
« Je n’ai pas le choix ». M. Sarkozy a longuement insisté sur ce point : c’est la situation de la France qui exige qu’il revienne en politique, afin de créer les conditions d’une confiance retrouvée dans un pays où elle fait désormais cruellement défaut. Il a assuré n’avoir « jamais vu une telle colère, un tel désespoir » dans le pays.

« La seule question », selon lui, est de savoir quel est le « meilleur système fiscal » pour que les entreprises restent en France, dans un monde où les capitaux circulent librement.

« Rassembler les Français »
Nicolas Sarkozy entend créer un rassemblement qui transcende le clivage droite-gauche « élimé comme un tapis qui aurait trois siècles » pour redonner des perspectives :

« Je ne suis pas venu pour expliquer que je serai président de la République en 2017, je suis venu pour créer les conditions d’une alternative crédible qui rassemble les Français bien au-delà des clivages habituels droite-gauche, centre-droite, écologistes-libéraux qui n’ont plus aucun sens. (…) Notre modèle doit être complètement refondé. »
Ses rivaux à l’UMP
Un peu plus tôt dans la journée, Alain Juppé avait confirmé qu’avec le retour officiel de Nicolas Sarkozy, « le match » pour 2017 avait « commencé ». « Alain Juppé, je le connais depuis que j’ai vingt ans », a rétorqué M. Sarkozy. Une manière de renvoyer le maire de Bordeaux et candidat déclaré à la primaire de l’UMP aux 71 ans qu’il aura en 2017. Il a toutefois tendu la mains à ses concurrents :

« Alain Juppé, c’est un partenaire, c’est un ami, c’est un compagnon, c’est quelqu’un pour qui j’ai même de l’admiration et j’aurai besoin de lui. (…) Quant à François Fillon, il a été premier ministre pendant cinq ans (…) On a travaillé sans aucun nuage, j’aurai besoin de lui aussi. »
Lire aussi : Sarkozy, Juppé, Fillon : la bataille de 2017 est lancée à l’UMP

Le bilan de François Hollande
S’il a, à de nombreuses reprises, dressé un constat dramatique de la situation française, M. Sarkozy a promis ne pas vouloir « polémiquer avec François Hollande ». « Je n’ai pas menti », en 2012, a-t-il répété quatre fois. En revanche « que reste-t-il de la longue série d’anaphores, vous savez, ‘moi président’ ? Une longue litanie de mensonges », a-t-il asséné.

François Hollande pourra-t-il aller au terme de son mandat ? « Je l’espère ». Si tel n’était pas le cas, estime-t-il, cela signifierait que l’état de la France aurait encore empiré.

En 2008, « la crise du monde entier s’est abattue sur la France » a expliqué M. Sarkozy pour nuancer les carences de son propre bilan. « C’est une crise que le monde n’avait pas connue depuis 1929 (…) parce que c’est une crise qui a touché tous les pays sans exception et tous les secteurs ». « En 2014, c’est la crise de la France qui peut faire basculer l’Europe dans la faillite. Ça c’est un changement », a-t-il poursuivi.
Les affaires judiciaires qui le menacent
Bien qu’il s’agisse d’une « question très importante », l’ancien président, concerné de plus ou moins loin par sept affaires, n’a pas abordé le fond de celles-ci.
Jamais président de la cinquième République n’avait été « examiné sous toutes ses coutures » comme il le fût, a-t-il affirmé. A tort, juge-t-il, puisque les accusations sont tombées dans les affaires Karachi et Bettencourt. « Si j’avais la moindre chose à me reprocher, est-ce que je reviendrais ? ».

Il s’est par aileurs offusqué des écoutes ordonnées par la justice : «Dans quel pays vivons-nous, où un ancien chef de l’Etat a été écouté jusque dans ses conversations privées ». L’occasion de rappeler l’épisode du « Mur des cons » sur lequel des membres du syndicat de la magistrature l’avaient épinglé.

La politique étrangère
La situation en Irak exige que la France accède à la demande d’aide de Bagdad, a reconnu M. Sarkozy, qualifiant les djihadistes de l’Etat islamique de « barbares ».

En revanche, l’ancien président a critiqué la gestion de la crise ukrainienne par M. Hollande : « Il pouvait prendre son téléphone et dire à M. Poutine ‘je ne suis pas d’accord avec ce que vous faites’. »

Nicolas Sarkozy n’avait jamais entendu parler de Bygmalion
Interrogé sur la dette accumulée par l’UMP (74 millions d’euros), M. Sarkozy a jugé qu’elle était la conséquence directe des échecs électoraux de l’UMP. Se positionant à nouveau en victime, il a regretté être le seul candidat à n’avoir pas été remboursé de ses frais de campagne. Oubliant un détail important : il en a été privé après que le Conseil constitutionnel a rejeté ses compte de campagnes, confirmant qu’il avait dépensé plus qu’autorisé par la loi.

Depuis cette décision des Sages, le scandale Bygmalion a éclaté, causant la chute de Jean-François Copé. L’entreprise est accusée d’avoir surfacturé des prestations à l’UMP au profit des comptes de campagne de Nicolas Sarkozy. « J’ai appris le nom de Bygmallion longtemps après la campagne présidentielle », a-t-il juré, même si l’UMP était cliente de l’entreprise des années avant la présidentielle.

Sa ligne de défense suit la droite ligne de celle de ses proches depuis que le scandale a éclaté : président et candidat, il n’avait pas le temps de s’occuper de l’intendance des meetings.

La « trahison » de Buisson
Quelle sera la ligne d’un Sarkozy revenu en politique ? La ligne dite « Buisson », du nom de son conseiller à l’Elysée, Patrick Buisson, ou un positionnement plus au centre ? M. Sarkozy est resté assez vague, jurant seulement que « personne n’a lobotomisé [son] cerveau » lors de la présidentielle.

M. Sarkozy a réitéré son souhait de réforme de l’espace Schengen pour contrôler davantage les allées et venues au sein des pays de l’Union européenne concernés. Une proposition défendue lors de sa présidence et la campagne, lorsque M. Buisson était son conseiller.

Depuis lors, Patrick Buisson n’est plus en grâce auprès de M. Sarkozy. Il s’est en effet avéré que le conseiller enregistrait le chef de l’Etat à son insu. « Dans ma vie j’en ai connu des trahisons, sur tous les plans, mais comme celle la rarement », a-t-il reconnu.

Le Front national
« Sur l’immigration, pas besoin d’être à l’extrême droite pour résoudre le problème ». Nicolas Sarkozy a réaffirmé sa volonté de « reconquérir » les électeurs attirés par un vote Front national. Refusant de faire « de leçons de morale aux Français qui se sont rapprochés de Marine Le Pen », il en a profité pour esquisser une forme de mea culpa : « J’aurais dû dire avant que Schengen, en l’état, ce n’était pas possible ».

Le référendum
C’est encore l’une des idées qui avaient animé la fin de la campagne du candidat Sarkozy : seul le peuple peut lever les supposés blocages liés aux « corps intermédiaires et à une certaine élite ». En clair, M. Sarkozy veut multiplier les référendums. Il a laissé entendre qu’il aurait, lui, organisé un référendum sur la question du mariage pour les couples de même sexe.

« J’ai vraiment détesté la façon dont ça a été mené. Beau résultat pour un président qui prétendait rassembler la France. Il l’a divisée, il a monté les uns contre les autres comme jamais. On a humilié la famille, tout un tas de gens qui sont descendus la rue, ils se sont radicalisés.(..) Je n’utiliserai pas les familles contres les homosexuels, comme on a utilisé les homosexuels contres les familles«.

par lemonde.fr

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