Abega Moussa : « Mboa Store est la boutique d’application 100% africaine qui répond à un souci de patriotisme numérique »

Sous le haut patronage du Ministère des Postes et Télécommunications, le Forum E-Business ECONUMA se tient du 10 au 11 décembre 2014 et pleins d’échanges et de partage au programme.

Théophile Abega Moussa est l’un de speaker venu démontrer que le Cameroun a du répondant numériquement et surtout dans l’E-commerce. Mboa Store est la boutique africaine des applications mobiles que MGSOFT, la start-up qu’il dirige a mis sur pied. Il nous donne son avis à propos du forum et révèle les atouts et la particularité de Mboa Store.

Bonsoir M. Théophile ABEGA MOUSSA, vous êtes speaker ici au forum E-Business ECONUMA 2014, quelle est déjà votre avis à propos du thème choisi : « Les enjeux E-commerce au Cameroun » ?

Je félicite d’abord le Ministère des Postes et Télécommunications qui soutient cette initiative ; je félicite ensuite, le Promoteur, Mathurin Essa pour ce Forum car  l’E-commerce aujourd’hui est au centre du commerce international. Le chinois Alibaba a pu faire 1000 milliards de francs CFA en 2h lors de la fête des célibataires grâce aux ventes en lignes.  C’est un aspect de l’économie qui se développe de plus en plus et chez nous au Cameroun on éprouve encore des difficultés à le faire décoller. Le Forum va d’abord servir de sensibilisation pour les PME qui doivent saisir l’opportunité de l’économie numérique, sachant que  l’internet est sans frontières et générateur de revenus. Le Forum ECONUMA va aussi servir de plateforme d’échange entre les start-up qui œuvrent dans l’e-commerce au Cameroun afin d’examiner les problèmes tels que l’adressage, les méthodes de paiement ou encore le débit moyen de la bande passante internet qui minent notre environnement numérique. Vous savez, aujourd’hui grâce à l’internet, une PME ou un agriculteur camerounais peut  vendre ses produits et services à Beijin, en Afrique du Sud, au Ghana et partout ailleurs.

C’est pourquoi je loue et je félicite l’initiative  d’ECONUMA dont le promoteur est monsieur Mathurin ESSA.

Nous avons t suivi votre intervention tout à l’heure au sujet du MBOA STORE, votre boutique en ligne des applications mobiles. C’est une innovation, Parlez-nous en pour nos internautes.

Le Mboa Store qu’on peut retrouver sur www.mboastore.cm dès lundi 15 décembre 2014 est une innovation pour les africains et par des africains. C’est la première boutique africaine des applications mobiles sous androïde. Il contient à ce jour 34 applications mobiles développées par MGSOFT. L’Etat nous a fait confiance, nous hébergeons deux applications mobiles de l’UNICEF sur le MBOA STORE, deux applis de deux grandes banques et d’autres applis sur la religion, l’éducation, la culture ou encore les évènements culturels. Au moment où l’Afrique connait un fort taux de pénétration du téléphone mobile, notamment des Smartphones, il fallait penser à une plateforme pour des contenus africains. Vous savez, les africains ont appris au reste du monde le paiement par le mobile, parlant du M-Pessa qui est une solution créée par des Kenyans et utilisée en Europe à ce jour. Les africains possèdent plus de téléphone mobile que de brosse à dent il est donc temps que ces téléphones-là soient adaptés à l’usage africain, mais surtout, surtout que les contenus des Smartphones qui entrent en Afrique soient des contenus africains. Ces contenus, on doit les trouver dans les Smartphone et les tablettes grâce à une boutique en ligne des applications mobiles, une boutique africaine. Chez nous on dit consommons ce que nous produisons et produisons ce que nous consommons. Facebook, c’est bien, mais est-ce que vous savez que les chinois n’utilisent pas Facebook, parce qu’ils ont CYWORLD ? Google c’est bien, mais est-ce que vous savez que les chinois ont interdit Google chez eux pour promouvoir NAVER ? Google-Play c’est bien, mais sur 1.300.000 d’applications mobiles combien sont africaines ? App-store c’est fabuleux mais sur 1.200.000 d’applications mobiles chez Apple, combien sont africaines. Il y a ensuite BlackBerry world, Windows store, Samsung store et je peux en citer mais où est le store africain ? Voilà la problématique ! Il est plus que temps que les africains se prennent en charge, c’est pourquoi nous au niveau de MGSOFT nous avons pensé à mettre sur pied le MBOA-STORE pour fournir aux africains des applications mobiles africaines. Alors, le Mboa Store c’est une solution africaine mais c’est aussi une alternative des solutions occidentales (Google Play ou App-store) qui existe pour satisfaire les besoins des africains

Mboa Store c’est la visibilité des contenus africains, MBOA-STORE c’est la proximité aussi. Imaginez un ministère ou une entreprise africaine qui souhaite développer son application mobile pour servir ses usagers, elle aura du mal à aller la loger dans les stores que je viens de citer plus haut tout simplement parce qu’elle n’a pas un moyen de contrôle sur ces plateformes. Avec le MBOA-STORE dans chaque pays africain, on connaitra les promoteurs, on connaitra l’entreprise qui est soit de droit camerounais ou de droit ivoirien, les négociations et les transactions seront plus faciles et rapides entre les entreprises, les Etats et nous et il n’y aura donc plus de craintes ni de restrictions à développer une application mobile et la loger ici. Quant aux développeurs africains ils sont eux aussi servi, en termes d’hébergement et la rémunération issue de la vente de leurs applications mobiles sur le MBOA STORE. Les transactions bancaires entre l’occident et les pays africains ne seront plus qu’un vieux souvenir et le MBOA-STORE pourra les payer sur place dans leur pays d’origine. Le business model du MBOA-STORE veut que nous soyons  dans tous les pays africains ; ainsi il y aura un MBOA-STORE Cameroun,  un MBOA-STOR Sénégal, un MBOA-STOR CI ou un Mboa Store Namibie selon les désirs avec un personnel et des développeurs issus du pays d’implantation. Donc voilà un peu ce que nous avons mis sur pied, le Mboa Store qui répond à un souci de patriotisme numérique est ouvert et disponible pour tous les africains.

Puisqu’on parle de E-business, bien évidemment, Mboa Store est une boutique de E-commerce, E-business, est-ce qu’on peut dire que Mboa Store pourra créer de l’emploi à plein de jeunes camerounais ?

Bien sûr ! Des milliers d’emploi ; Pour développer une application mobile il faut une équipe de développeurs et un spécialiste en marketing par exemple. Si vous avez 100 applications mobiles ça fait potentiellement 500 emplois créés et c’est de l’auto emploi. Si vous êtes un distributeur dans le cadre du Mboa Store, vous ouvrez une boutique, vous emploierez au moins deux à trois personnes. Last but not least si vous proposez des solutions comme le paiement en ligne, le MBOA STORE vous offre une opportunité d’affaires. L’Etat n’aura plus de pression en termes de chômage car il va diminuer et c’est l’économie du pays qui va gagner. WhatsApp a été vendu à 19 milliards de Dollars et si vous transformez cela en Cfa, ça fait à peu près 4 fois le budget du Cameroun. Vous voyez qu’il y a aussi là de la création de richesse. La Banque Mondiale reconnait aujourd’hui la place des TIC dans le PIB des pays et lorsqu’on parle de 4% de contribution des TIC au PIB du Cameroun, moi je voudrais parler de porter ce chiffre à 20% pour chaque pays africain et ce n’est pas un rêve. Donc avec le MBOA-STORE la start-up MGSOFT va créer de la richesse, MGSOFT va créer de l’emploi pour les développeurs et il y a un challenge pour les métiers du marketing en Afrique parce que ceux qui font aujourd’hui dans le Marketing traditionnel, doivent apprendre à vendre des applications mobiles, les communicateurs doivent apprendre à communiquer sur les applications mobiles, les opérateurs de téléphonie mobiles en Afrique doivent apprendre à vendre des contenus locaux. Il y’a du mobile marketing qui arrive, il y’a du mobile avertissement qui est la publicité par mobile qui arrive il y a que les entreprises qui veulent rester compétitives doivent aujourd’hui adopter la stratégie de communication par le mobile, car c’est plus de 700 millions de téléphones en Afrique à ce jour.

Donc c’est un gisement d’emploi et ça intègre ce que les TIC sont… Et bien nous sommes au 1er jour du Forum, demain c’est bien évidemment la fin, quelle est votre dernier mot à propos d’ECONUMA et de tout ce qui se fait en termes de E-Business au Cameroun ?

Le dernier mot va à l’intention de l’institutionnel, dans le cas du Cameroun je m’adresse au ministère des Postes et Télécommunications, au ministère des Finances et au ministère de l’Economie et de l’aménagement du territoire  pour leur dire qu’il faut accroitre la culture technologique des camerounais parce qu’une fois que les camerounais comprendront  l’importance de l’E-Business, ils vont évidemment créer de la richesse au niveau national. La deuxième chose c’est de dire aux gouvernements africains de revoir les objectifs de croissance pour intégrer les TIC dans le DSCE et ne plus compter seulement sur l’économie traditionnelle que nous connaissons. L’enjeu se trouve aujourd’hui dans l’économie numérique. Le taux de bancarisation est très faible, malgré les solutions, les cartes bancaires ne servent qu’à effectuer des retraits d’argent. L’Etat doit éduquer les masses, l’Etat doit rassurer les gens quant à l’utilisation des moyens de paiement électronique. D’ailleurs cela réduirait les agressions, car si l’on vous attaque et que vous ne disposez pas de cash mais plutôt d’une carte bancaire les bandits n’auront rien à vous dérober, en tout cas pas de l’argent.

Je voudrais ensuite appeler les banques et les EMF à donner plus  d’attention à l’économie numérique, au financement des solutions IT et à mettre sur pied des solutions de paiement en ligne. Je leur dis, attention PAYPAL arrive. Je leur dit encore travaillez avec des start-up pour trouver des moyens de sécuriser les transactions financières sur Internet. Nous start-up, nombreux ici au Palais des Congrès de Yaoundé dans le cadre du Forum ECONUMA, nous restons disposés à travailler avec les banques. Enfin je termine, en appelant les start-up à se mettre en cluster, à se fédérer pour ensemble développer des solutions plus innovantes car la compétition est mondiale et le concurrent n’est pas celui qui est à Buea ou à Douala mais le concurrent vient de la Chine, de la Corée du Sud ou des Etats-Unis et il doit trouver du répondant en arrivant en Afrique. Fédérer aussi pour parler d’une voix avec les gouvernants et il ne faut pas avoir peur de le dire, constituer des lobbys pour aider nos dirigeants à bien élaborer les cadres règlementaires et à bien choisir les infrastructures numériques.

Tout en félicitant Mathurin Essa, Promoteur de la 1ère Edition du Forum sur l’E-commerce, ECONUMA, ainsi que féliciter tous ceux qui lui ont apporté le soutien, notamment CULTURE EBENE c’est sur cette note de plaidoyer et d’espoir que je voudrais terminer en espérant vous revoir l’année prochaine.

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