C’est que les habitants du quartier et autres commerçants doivent consacrer la matinée à la propreté : désherbage des abords de route, curage des caniveaux, évacuation des mares d’eau, nettoyage général des lieux d’habitation. A la suite de cet exercice hebdomadaire récurrent, vous devez certainement penser que le quartier, situé à la sortie Ouest de la capitale, brille de mille feux. Que non ! Un petit détour et le tout premier venu peut constater de ses propres yeux que les mauvaises herbes prospèrent toujours autant. Les terrains vagues, les eaux stagnantes, les canalisations bouchées aussi. Et avec eux, les rats, les souris, les cafards, les mille-pattes, les moustiques, les chèvres, moutons, chats et autres chiens errants. Encore que la situation n’est pas l’apanage de ce quartier.
De Biteng à l’Est de la ville à Messa-Assi au Nord, en passant par Messa-me-Ndongo au Sud, ou Elig-Essono, et même le résidentiel Bastos, les mêmes causes produisent les mêmes effets. Saletés à tous les étages, avec pour corollaire la prolifération des bestioles qui infestent maisons, commerces, bureaux administratifs et centres hospitaliers. « Des rats dans une maison ou une boulangerie, c’est d’une banalité écœurante à Yaoundé. De fait ce qui frappe maintenant, c’est de rentrer dans une maison et de ne pas subir les moustiques, les souris ou les cafards », assure un habitant. « Quand moi j’étais enfant, je me souviens bien que les services de l’hygiène mobile passaient régulièrement dans les quartiers déparasiter, tuant souris, moustiques, cafards, serpents… Nous étions tranquilles pendant quelques mois. Ce service a disparu de nos jours, et chacun doit se débrouiller comme il peut avec ces bestioles », confie un autre habitant de la capitale.
Dans ce système D, chacun y va selon ses moyens. A l’hôpital de la Cnps, par exemple, des produits insecticides sont pulvérisés tous les soirs vers 17 h. « Et s’il pleut après cette pulvérisation, nous recommençons. Il s’agit de mettre nos patients à l’abri des piqûres de moustiques. De la citronnelle a également été plantée pour les éloigner », explique un responsable de l’hôpital. Ailleurs, en dehors des moustiquaires imprégnées, pas grand-chose n’est prévu. Les particuliers, quant à eux, ne lésinent pas sur les moyens pour exterminer les indésirables petites bêtes. « La situation était grave chez moi avec des rats, qui après avoir ramassé des billets de banque, des bijoux et de la nourriture, se sont attaqués aux humains en rongeant les extrémités de leurs pieds pendant le sommeil. J’ai eu recours à une entreprise de dératisation. Ça m’a pris 200 000 F, selon le volume de la maison et le nombre de pièces », assure Xavier A., cadre commercial.
Sauf que ce n’est pas toujours la panacée. Au bout de quelques semaines, les parasites sont revenus. « De fait, ces opérations isolées ne servent à rien. Tant que le même traitement n’est pas appliqué dans tout le voisinage, les parasites prolifèrent. Raison pour laquelle les campagnes de masse sont d’une redoutable efficacité. Nous conseillons aux habitants de pâtés de maison de s’associer pour un plan de dératisation et de démoustication global. Ainsi, on est mieux protégé », explique le responsable d’une entreprise spécialisée. Comme quoi, il est temps que les campagnes d’antan reprennent.
Yvette MBASSI-BIKELE / cameroon-tribune.cm