Sur ordre du préfet, ils sont en garde-à-vue administrative de quinze jours renouvelables, pour exploitation.
Des chefs traditionnels qui passent le réveillon du Nouvel An dans une cellule de la gendarmerie, c’est du jamais vu au Nord-Cameroun. Mais, c’est bien la triste réalité que les chefs traditionnels de l’arrondissement de Mayo-Moskota ont vécu et continuent d’ailleurs de vivre jusqu’à présent. La situation sécuritaire préoccupante liée aux nombreuses attaques de Boko Haram dans cette unité administrative qui partage une longue frontière avec le Nigéria et littéralement occupée par des éléments de cette secte, y est pour beaucoup dans ces interpellations.
En effet, fort de certaines informations selon lesquelles certains chefs traditionnels sont taxés d’être de collusion avec Boko Haram dans leur intension d’islamiser de force les populations pourtant animistes et chrétiennes, certaines élites ont saisi le préfet du département à ce sujet. C’est alors que le préfet Raymond Roksbo sort un arrêté le 29 décembre 2014 convoquant systématiquement toutes les autorités traditionnelles pour y voir clair.
Sentant le roussi, certains chefs ont simplement traversé de l’autre côté du Nigéria, tandis que d’autres se sont fait représenter. Parmi les fuyards au Nigéria, se trouve un conseiller municipal de la commune de Mozogo, qui servirait actuellement d’indic aux Boko Haram qui veulent attaquer cette unité administrative.
Islam
Finalement, ce sont au total treize chefs de 3ème degré qui ont déféré à la convocation du préfet, qui a ordonné qu’ils soient placés en garde-à-vue administrative de quinze jours renouvelables, si besoin se pose, pour exploitation. Ils ont donc été gardés dans les locaux de la Compagnie de gendarmerie du Mayo-Tsanaga, à Mokolo, jusqu’à ce jour. Il s’agit d’Ali Mamoudou, Vagsa Maltagui, Jakoua Boukar, Ali Alhadji Boukar, Hourso Lampa, Boujar Ndjigga, Haman Achifa, Abba Made, Lawan Yegha, Malloum Mamoudou, Djougoudoum Lawan, Boukar Blama et Medougoué André.
Au sujet de leur collusion avec Boko Haram, plusieurs témoignages concordent. D’aucuns indiquent que bien avant les attaques de Boko Haram, ces chefs hébergeaient des individus inconnus des populations et chaque fois que Boko Haram attaque dans ces localités, leurs victimes et les lieux d’opérations sont ciblés, les chefs et les leurs épargnés. «Ces chefs participaient à imposer l’islam aux populations contre leur gré. Tout ceci a pour finalité de faciliter Boko Haram dans leur souci d’annexer cette partie du territoire. Parce qu’une fois islamisées, les populations seraient favorables à ce que Boko Haram s’installe parmi eux. C’est comme ça qu’ils ont procédé du côté nigérian où Boko Haram règne en maître absolu en ce moment. Le problème est plus délicat que cela puisse paraître», s’indigne une élite de Mozogo. Les rapports des procès-verbaux d’auditions ont d’ores et déjà été envoyés à Yaoundé, où ils sont minutieusement examin.
Par Mutations