Garoua: Une émeute paralyse le lycée de Djalingo, des élèves ont incendié le véhicule du proviseur et saccagés plusieurs bureaux

Une forte odeur de caoutchouc brûlé flottait dans l’air ce lundi 18 novembre 2019 au lycée de Djalingo. Le sol jonché de pierres et de morceaux bois, des bureaux saccagés, témoins des heures noires qu’a vécu en début de semaine cet établissement d’enseignement secondaire situé dans l’arrondissement de Garoua 3. Assis sous des arbres, armes à la main, des éléments du groupement mobile d’intervention numéro 4 montent la garde dans la cours de l’établissement étonnement vide. Ces derniers ont également sorti leur armada des grands jours : gilets pare-balles, casque avec visière, bouclier antiémeute. Dans les artères de la ville, l’ambiance est lourde et oppressante.

En effet, à la suite d’un mouvement d’humeur survenu au lycée lundi matin, des élèves ont incendié le véhicule du proviseur dudit lycée et saccagés plusieurs bureaux du bloc administratif. Cet incident fait suite à la mort de dénommé Andjé Awong Arthur, censeur du lycée de Djalingo, décédé samedi dernier après avoir été transporté à  l’hôpital régional de Garoua. Les causes du décès n’ont pas été communiqué, les élèves pointent tout de même un doigt accusateur sur le proviseur Taimou Adji, qui d’après eux aurait également un lien avec la mort suspecte de 02 autres professeurs ainsi que les fractures dont ont été victimes plusieurs enseignants de cet établissement situé dans l’arrondissement de Garoua 3e. « Lundi lors du rassemblement, on a observé une minute de silence  en faveur du défunt. Mais lorsque vient le moment de chanter l’hymne national, un groupe d’élèves va plutôt d’avancer vers le proviseur, exigeant des explications quant au décès du censeur. La suite c’est une émeute d’une violence inouïe qui s’en suivra. Les enseignants vont protéger le proviseur et se  retrancher avec lui dans la salle  des professeurs», raconte un témoin de la scène. Déchainés, plusieurs élèves saccagent les bureaux, brûlent la voiture du proviseur avec qui ils vont tenter d’en découdre. « C’est du jamais vu, rapporte un témoin sur place. Nous n’avons jamais atteint un tel niveau de violence à Djalingo. La situation était totalement incontrôlée. Il a fallu attendre l’arrivée des forces de maintien de l’ordre pour que l’ordre soit enfin rétabli”. Grâce à l’intervention des éléments du groupement mobile d’intervention et la méditation de Madame le Sous-préfet de l’arrondissement de Garoua 3e, le calme est revenu au sein de l’établissement. Cependant, les cours ont été suspendus et une réunion entre les autorités administratives et les parents d’élèves s’est tenue dans l’après-midi au sein de l’établissement. Les confrontations ont été particulièrement violentes et le bilan est très lourd. En plus du véhicule incendié et des bureaux vandalisés, 04 élèves ont été arrêtés, pour être entendus dans le cadre de l’enquête qui a été ouverte pour faire toute la lumière sur cette affaire. Par ailleurs, un policier a été blessé à la tête par un projectile. Il été évacué dans une formation sanitaire pour une prise en charge. Le lycée de Djalingo a ensuite été placé sous protection policière. Quant au proviseur Taimou Adji, il a été exfiltré par les forces de sécurité et placé en sécurité dans sa résidence à Garoua. Joint au téléphone, ce dernier semblait visiblement être encore sous le choc. « J’avoue n’avoir pas vu tout ceci venir et je ne sais pas sur quoi ces élèves s’appuient pour m’accuser. En tout j’attends impatiemment les conclusions de l’enquête en cours et je remets tout entre les mains de Dieu. Il saura rétablir la vérité », affirme-t-il.

Difficile de dire pour l’instant si  cette émeute était préméditée mais tout laisse croire néanmoins qu’elle était cordonnée et a été planifiée. « Les émeutiers avaient un objectif et semblaient même avoir planifié la démarche. Ils voulaient clairement en découdre avec le proviseur. Au-delà du comportement de cette bande de voyous, il faut voir derrière eux la main de la communauté éducative quand elle ne vous tient pas à cœur, quand elle veut l’enfant du village ou de la localité comme proviseur », analyse un témoin de la scène. « Il faut un exorcisme pour les élèves du Cameroun. Ils sont devenus des juges des proviseurs. J’accuse les parents: l’éducation familiale souffre de quelque chose », déclare un enseignant.

Par Ebah Essongue Shabba

Categories
CultureFaits diversNordRégionsSociété
No Comment

Leave a Reply

*

*



COMMENTAIRES FACEBOOK