TAO : « j’ai décidé de partager mon expérience pour changer le visage musical du septentrion »

Création musicale « Sahel Live » est le nom de la résidence de création que tient la maison de production Sahré Amine sous la houlette de l’artiste Tao depuis deux ans.  Pour mieux comprendre le projet nous sommes allés à sa rencontre.

 Nous sommes rendus à la deuxième édition de la résidence de création musicale Sahel live sur la direction de votre maison de production Sahré Amine. D’où vous vient l’idée de mettre ce projet sur pied ?

J’ai participé à plusieurs résidences de création en Afrique ; cela a réveillé en moi la flamme de venir refaire ce que j’ai vu là-bas ici chez moi. Parce qu’il y a un tel professionnel qui a attiré mon attention et qui a forgé mon parcours, j’ai donc voulu partager cette expérience avec les fils de ma région.  Je suis de Guider dans la région du nord Cameroun et il y a un grand déficit de formation chez nous, et un grand déficit de matériel qui peut aider un artiste à évoluer : Notamment des salles de spectacle, des salles répétitions. On est vraiment en manque de tout ; des formations comme les résidences de création.   Je me suis dit c’est ça qui fait en sorte qu’on n’est pas un bon contenu. On se moque presque de la musique qui vient du septentrion avec les auto-tunes.  J’ai reçu des plaintes qui m’ont révolté et j’ai décidé de partager mon expérience pour changer le visage musical du septentrion.

Quels sont les enjeux de cette résidence de création ? Et comment est-ce que la deuxième édition se déroule ?

Les enjeux sont nombreux c’est d’abord un défi personnel et je voudrais montrer aux autres que nous aussi on peut. On a des belles voix, on a des beaux instruments comme la Garaya et le Kalagou. Alors il faut qu’on leur montre qu’on a une richesse culturelle énorme qu’on peut jumeler avec les autres qui viennent d’ailleurs. C’est une sorte de défi de dire que d’ici trois ou quatre ans je vais me retrouver avec une cuvée d’une trentaine d’artistes du grand nord qui vont faire de la musique commercialisable. La dernière chose qui m’a révolté, c’est le dernier Canal d’Or on était deux artistes à représenter le septentrion. Et je me suis dit mon Dieu, deux artistes pour trois régions où la population est la plus nombreuse pourquoi il y a que deux artistes nominés ? Cela veut dire que soit on a pas de bon contenu ; soit on a pas fait ce qu’il  fallait.

Quel est le bilan de la première édition ? Et que sont devenus les lauréats ?

Le bilan il est positif jusque-là. Les visages des lauréats sont empreints de beaucoup de joie. Et ils ont appris beaucoup de chose. Mais permettez-moi de vous parler même de ma résidence de création. Elle a été mise sur pied pour valoriser les talents et la culture du grand Nord. Je prends six jeunes à savoir deux par région.  Cette fois ci ils vont faire deux semaines. La première cuvée avait fait trois semaines.  Et à l’issue de chaque formation j’entre en studio avec chaque apprenant pour lui faire un single. L’année dernière j’ai fait six single pour la première cuvée, cette année je vais jumeler, mon objectif est de faire une musique de fusion avec la coloration sahélienne. Les six apprenants de cette édition sont là, leur musique sont déjà en studio, au mois d’avril je voudrais sortir du studio les singles des deux cuvées.  Et à la fin, on fait un concert de restitution dans les trois régions du septentrion. L’année dernière j’ai eu la chance d’avoir les apéros concert à l’Institut Français parce que l’Alliance Française est mon partenaire et on a reçu les félicitations des dirigeants de l’institut français et le public était émerveillé.

D’où proviennent les financements de ce projet ?

Les financements viennent de la maison de production Sahré Amine. C’est la passion qui nous pousse à le faire. On veut partager parce que durant tout mon parcours j’ai eu des gens qui ont mis de l’argent pour moi également.  Ils ont cru en mon projet et ils m’ont aidé. Donc l’argent vient d’abord de ma maison de production et aussi de l’alliance française à qui je dis merci. Elle me soutient depuis le début de tous mes évènements que j’organise dans le grand nord.  J’ai avec mon association Sahré Amine en actif en plus des résidences de créations deux festivals que j’organise chaque année. Le festival Alamba dont la première édition a eu lieu   à Soa et la deuxième édition est prévu pour décembre 2023 et le festival de la femme sahélienne donc la troisième édition aura lieu en avril. On en profitera pour présenter la restitution de la résidence de création. Mais cette année le festival de la femme sahélienne   change de nom et s’appelle le Femusa parce qu’on s’ouvre à l’international.

Quels sont les critères de sélections des artistes qui entrent en résidence de création ?

Il faut être âgé entre 21 et 35 ans ; ils ont des vidéos qu’ils envoient et on jauge le niveau de chacun.  On est un comité de trois personnes dont le secrétaire général de l’association ; en la personne de Nomo Jean Claude, Isnébo et moi.  C’est à travers ces vidéos qu’on voit qui a une base et qui peut venir.  Comme on n’a pas beaucoup de temps, il faut que les apprenants aient une base qui nous permettra d’avoir un apprentissage accéléré. Pour l’instant il faut être originaire du septentrion. J’ai circonscris parce que le septentrion est à la traine, ceux d’ici ont tous ces professionnels qui sont à leur portée, Contrairement à ceux du septentrion. Ce n’est pas par égoïsme ou tribalisme, je voudrais qu’on sorte de l’ombre.

Propos recueillis par Sara Eliane Nématchoua

 

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