Nigeria: Boko Haram, grand défi de Muhammadu Buhari

La lutte contre la secte islamiste et terroriste et les inégalités sociales constituent l’un des principaux chantiers du nouveau chef de l’Etat du pays le plus peuplé d’Afrique, au-delà des questions économiques.

Muhammadu Buhari n’a point tardé à décliner ses priorités. Les espoirs, nombreux, que soulève son élection l’y obligeaient concrètement. Ces grands chantiers sur lesquels le peuple attend son nouvel élu, à près de 55%, sont indubitablement : la consolidation de la démocratie, la lutte contre la corruption, le retour de la paix qui passe nécessairement par la liquidation définitive de Boko Haram et toutes les autres hordes terroristes.
En affirmant derechef dans sa première adresse à la presse: «Je vous assure que Boko Haram sera très bientôt réduit à néant», le nouveau président Muhammadu Buhari rassure le peuple qui a voté massivement pour lui, car l’insécurité et la violence qui ravagent le pays ne sont pas de nature à favoriser son développement. Et dans cette descente inexorable aux enfers, Boko Haram est en peloton de tête. Il est tout naturellement dans le viseur de Buhari. Cet engagement personnel du nouveau président, lui, l’ex-général d’armée dont la rigueur, la parcimonie et l’autorité sont connues de tous, est une preuve éloquente de la mesure de sa mission et la vision nette de la nouvelle direction que doit prendre le pays.
«Boko Haram c’est tout le monde, les jeunes au chômage, les femmes démunies, les pères de famille en colère contre la misère qui se sont laissés convaincre par le groupe armé». Ce constat de cet observateur, qui s’est livré à Afrik.com, basé à l’extrême nord du Cameroun, où sévit l’insurrection armée, révèle bien la tâche immense qui attend le Président Muhammadu Buhari. Elu à la tête du pays face au Président Goodluck Jonathan, il a promis de lutter contre la corruption qui mine le pays mais aussi de vaincre le groupe terroriste Boko Haram, qui sème la terreur dans le nord.
Boko Haram est vrai en perte de vitesse depuis que les troupes tchadiennes, nigériennes, camerounaises et même béninoises sont à ses trousses pour épauler l’armée nigériane qui n’a jamais réussi à faire face au groupe armé. Mais la solution militaire ne suffira pas à éradiquer définitivement l’insurrection armée, affirment les analystes. Il va donc falloir que le pouvoir mène un travail en profondeur dans le Nord du pays, où les populations attendent que leur vie change.
En attendant, Boko Haram, bien qu’affaibli, n’a pas dit son dernier mot. Depuis 2009, le groupe terroriste a fait plus de 14 000 morts et poussé des milliers de personnes à se déplacer vers les pays voisins. Selon l’organisation de défense des droits de l’Homme, Human Rights Watch, la nébuleuse a en outre tué plus de 1 000 civils sur les trois premiers mois de 2015, notamment au Cameroun et Niger, qu’elle n’a pas épargnés. «Je peux vous assurer que Boko Haram va vite mesurer la force de notre volonté collective et de notre engagement à débarrasser la nation de la terreur et pour ramener la paix», a déclaré le nouveau chef d’Etat nigérian, dans un discours prononcé à Abuja, après avoir reçu de la commission électorale un certificat attestant de sa victoire. « Aucun effort ne sera épargné pour vaincre le terrorisme», a-t-il ajouté.
Les observateurs sont en effet tous unanimes : pour vaincre Boko Haram pour de bon, le chef d’Etat nigérian, âgée de 72 ans, ancien général, va devoir redresser la situation sociale et économique du nord plongé depuis des décennies dans la misère. C’est de cette misère d’ailleurs que Boko Haram a pu grossir ses rangs, en engageant des jeunes désœuvrés, des pères de famille en colère ou encore des femmes démunies, qui ont perdu tout espoir d’un changement de leur situation.
Les inégalités sociales, on le sait, enfantent l’injustice qui fait le lit des révoltes qui conduisent nos pays aux turbulences et aux déchirures que l’on connait. La paix est à cultiver aussi à ce niveau. La paix ne se gagne pas seulement par la force des armes, elle s’obtient aussi par l’attention apportée au quotidien du peuple, à son devenir, c’est-à-dire à son épanouissement intégral.
La prise de conscience réelle de cette situation que semble incarner Muhammadu Buhari, fait que désormais la communauté internationale, comme son peuple, place en lui totale confiance. De Washington à Ndjamena, de Paris à Conakry, du monde entier, les messages de félicitations qui pleuvent sur Buhari, saluant «sa victoire» et ‘’la maturité du peuple nigérian’’, doivent être autant de sources motivantes pour relever le pari de la transition démocratique, et assumer pleinement son leadership de première puissance économique africaine.

Jean Robert Fouda / Le Repere

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