André Fotso, le Bâtisseur…

8 août 1958 – 2 août 2016 : encore six jours et il avait 58 ans…

Il semble que la matière dont nous sommes faits est directement liée au destin des étoiles…

En tout état de cause, le parcours de Monsieur André Fotso sur notre planète Terre rappelle avec une étonnante surprise, l’ouvrage Vie et mort des étoiles, publié par Bruno Mauguin et Bénédicte Saulier-Le Drean en 2005.

Les étoiles naissent, vivent leur vie d’étoiles, en consommant le combustible nucléaire qu’elles contiennent et qui est la source de l’énergie qu’elles rayonnent pendant la plus grande partie de leur existence, puis meurent. On les verra dès lors traverser diverses phases, devenir des géantes rouges immensément lumineuses et dilatées au moment de leur vieillesse. Chemin faisant, elles deviendront variables et expulseront dans l’espace interstellaire la matière de leur enveloppe à grandes bouffées de vent stellaire. A la fin, elles disparaîtront tantôt par une explosion titanesque, tantôt plus discrètement.

La trajectoire d’André est à l’image de ce cheminement…

De même que les étoiles sont les constituants les plus remarquables des galaxies, André était l’une des icônes les plus notables de la galaxie des affaires au Cameroun. Il faisait partie d’une espèce rarissime, celle des 3,9% de chefs d’entreprises camerounais possédant un niveau universitaire de troisième cycle. André n’était donc pas une « naine rouge », ces petites étoiles qui constituent au moins 80% de notre galaxie. Non : c’était une « naine jaune », ces étoiles de taille moyenne qui, à la fin de leur existence, évoluent en « géantes rouges ».

Naissance et évolution scolaire normale mais déjà éclectique puisque qu’André est un ancien Vogtois, issu de cette fabrique de l’intelligence camerounaise qu’est le Collège Vogt de Yaoundé.

Sport, musique, discernement, endurance, foi, émulation et études scientifiques ont façonné le personnage et commencé à lever en lui des volutes de plasma.

Le plasma est ce gaz porté à très haute température qu’est une étoile, une fois que le gaz s’est massifié.

Dans le cas d’André, le processus de massification se réalisera dans deux sociétés stellaires : un amas ouvert de densification intellectuelle à l’Université Lyon II en France ; et un amas globulaire d’incubation constitué de séjours d’enrichissement énergétiques d’abord dans la Compagnie Batoula, comme contrôleur de gestion dès son retour au pays en 1982, puis dans la multinationale Rhône Poulenc, en tant que Directeur Administratif et Financier pour l’Afrique Centrale à partir de 1985.

L’incubation ne dure au total que huit ans et le phénomène qui se produit en lui est connu dans l’environnement stellaire : le combustible nucléaire emmagasiné entre en fusion. C’est alors que naît véritablement l’étoile André, c’est-à-dire stricto sensu au moment où il commence à produire de l’énergie à partir de réactions thermonucléaires se déroulant en son sein. Ces réactions seront d’autant plus lumineuses que sa masse s’agrandira au fur et à mesure, pendant une durée de 20 années (seulement !) au cours desquelles la « naine jaune » André créera une atmosphère stellaire positivement agitée :

En 1991, il crée 3T Cameroun, société spécialisée dans le transport, le transit, l’acconage, la manutention et la consignation. En 1993, il crée FME Gaz, une société de production des gaz industriels ; puis SCPI dans l’immobilier, et SAMPO Cameroun dans l’informatique. Lorsqu’en 2003, le groupe bancaire ECOBANK s’installe au Cameroun, l’étoile André devient partie prenante de l’institution et prend une position prépondérante parmi les actionnaires locaux pour devenir en 2005, le Président du Conseil d’Administration. En mars 2010 il rachète COMETAL, le leader régional dans la construction métallique.

Mais une des leçons fortes du monde stellaire indique que les étoiles ne se satisfont jamais d’entités dispersées. Elles se rapprochent de façon parfois très lâche, au sein d’associations, et souvent elles créent des rapprochements plus étroits pour s’assurer d’un processus de massification plus dynamique. Cette massification les conduit à se rapprocher inexorablement de la « géante rouge » qu’elles deviendront fatalement dans le processus de leur progressive finitude.

C’est ainsi qu’en 2010, la « naine jaune » s’épaissie d’une masse considérable qui l’amène à changer de couleur du jaune vers un rougissement continuellement volumineux, lorsqu’elle décide le regroupement des entreprises 3T Cameroun, FME Gaz et COMETAL dans une holding connue sous le nom de TAF Investment Group, et dont les activités se concentrent sur la prise de participation dans les sociétés, les prestations de gestion des sociétés, l’acquisition et la gestion des valeurs immobilières.

Or, que l’on envisage les étoiles composées ou les amas, et leurs diverses variantes plus ou moins déliées, le constat que l’on pourra faire est toujours le même, à savoir que le phénomène stellaire possède partout et toujours un caractère collectif. En 2002, peu avant l’expression de son intérêt pour ECOBANK, l’étoile André adhère au GICAM.

Il fera tellement corps avec cette organisation que celle-ci deviendra une excroissance de la « naine jaune » qui en profitera pour approfondir son rougissement.

Président de la Commission de Promotion de l’Entreprise, puis Président de la Commission Economique et de l’Entreprise lorsque la précédente est fusionnée avec la Commission Economique, la « naine jaune » va initier quelques concepts qui font aujourd’hui la fierté du patronat camerounais :le dîner-débat du GICAM : soirée d’échanges thématiques qui réunit les acteurs de la vie économique, le BAS – Business Adversory Services qui est un bouquet de services créé en 2004 pour le renforcement des capacités managériales des PME,

les JDE – Journées de l’Entreprise dont la première édition est organisée en 2008,

le FOGAMU – Fonds de Garantie Multi-métiers, en cours d’étude, et dont la vocation est de booster les financements des PME à travers un mécanisme de partage de risque avec les banques.

Elu Vice-président du GICAM en 2008, l’étoile initié aux vertus du dialogue Secteur Public/Secteur Privé devient le principal animateur et/ou initiateur des rencontres sur les grands projets structurants en cours : les projets énergétiques (Mai 2010), la construction du port en eau profonde de Kribi (Juillet 2010), les projets d’infrastructures routières (Septembre 2010), etc. avec pour objectif affirmé d’impliquer le maximum d’entreprises camerounaises dans la réalisation de ces importants chantiers.

L’étoile jaune de plus en plus rouge est élu à la tête du patronat camerounais en 2012. Animée par la fusion de l’énergie en lui, elle poursuit sa dynamique d’innovation avec la création :du CREG – Cercle de Réflexion Economique du GICAM, des UG – Université du GICAM qui a organisé ses cinquièmes assises en son absence, du concept « un patron – une plantation », de l’EEG – Ecole de l’Entreprise du GICAM, du Groupe de KPMO, etc.

Soucieux de mobiliser l’ensemble des acteurs multipolaires autour de l’accélération de la croissance nationale de manière à gagner au moins un point de croissance chaque année pour atteindre un taux à 2 chiffres en 2020, afin de placer le Cameroun de façon irréversible sur le chemin de l’émergence ; l’étoile a fait sensation dans le pays en présentant le 26 février 2014 devant la communauté nationale et internationale réunie au Palais des Congrès de Yaoundé un ouvrage majeur et jusqu’à ce jour inédit : « Les 100 propositions du GICAM pour l’émergence du Cameroun ».

Hélas, plus une étoile a une forte masse, plus sa vie est courte et violente.

Alors qu’elle était une « naine jaune », elle devient une « géante rouge » car la couleur et la luminosité des étoiles sont fonction de la manière dont s’établit à un moment donné l’équilibre entre les deux forces antagonistes qui gouvernent ces astres : la pression et la gravitation. Lorsqu’il y a déséquilibre, la géante rouge devenue très brillante, consomme rapidement son hydrogène. A partir de ce moment où le combustible nucléaire se fait trop rare dans le noyau de l’étoile, les réactions de fusion s’arrêtent. La pression de radiation maintenue par ces réactions ne compensant plus les forces de gravitation, l’étoile s’effondre sur elle-même. Plus une étoile est grosse, plus la fin de son existence sera cataclysmique, pouvant aller jusqu’à prendre la forme d’une gigantesque explosion suivie de la formation d’une étoile à neutrons voire, dans les cas extrêmes (selon la masse de l’étoile), d’un trou noir.

Il y a sept mois environ que le combustible nucléaire de la « géante rouge » André s’est progressivement raréfié.

Pour éviter un effondrement endogène, l’étoile s’est envolée. Le cataclysme a été sans témoin. Il ne nous reste plus qu’un trou noir…

source: andrefotso.com

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