Zimbabwe : première sortie pour Robert Mugabe

Scène surréaliste à Harare, où le président placé en résidence surveillée a fait sa première sortie publique pour une remise de diplôme dans la capitale.
Dans la nuit de mardi à mercredi, on pensait que c’était la fin. Les chars barraient les routes dans les images transmises à la télévision nationale du Zimbabwe. Les militaires occupaient les rues, barricadaient les centres névralgiques de la capitale et les tirs à l’arme lourde disaient tout de ce qu’il se passait dans le pays. C’était normalement la fin du règne de Robert Mugabe, le plus vieux président au monde, 93 ans et en poste depuis 37 ans. L’armée faisant son irruption dans la scène politique, le camarade Bob et sa famille en résidence surveillée… enfin tout était plié.

L’armée en contradiction ?
Jusqu’à cette scène surréaliste intervenue ce vendredi 17 novembre matin où l’on a vu le président Mugabe apparaître publiquement, se rendant à une cérémonie de remise de diplômes dans une université d’Harare. Revêtu d’une toge bleu roi et d’une coiffe assortie, le chef de l’État a été aperçu somnolant à l’écoute de plusieurs discours. Il est certain que la scène en aura déconcerté plus d’un.
Dans le même temps, l’armée zimbabwéenne a annoncé avoir procédé à plusieurs arrestations parmi les proches du couple Mugabe et appelé « la nation à rester patiente et pacifique le temps » de mener à bien son « opération ». Les militaires annoncent « des avancées » avec la médiation chapeautée par l’Afrique du Sud « pour dessiner un gouvernement de transition ».

La crise reste entière
L’opposition maintient la pression, malgré ce léger contretemps. Le chef de l’opposition zimbabwéenne, Morgan Tsvangirai, a appelé ce jeudi 16 novembre à Harare le président Robert Mugabe à démissionner de son poste « dans l’intérêt » “du pays et de ses compatriotes. Il a été rejoint dans ses propos par le chef des anciens combattants de la guerre d’indépendance du Zimbabwe, qui a exhorté Robert Mugabe à quitter le pouvoir et appelé la population à manifester samedi à Harare pour soutenir l’armée qui a pris le contrôle du pays.

La communauté internationale a continué à plaider vendredi pour un retour à l’ordre constitutionnel au Zimbabwe. Sans se prononcer sur le sort à réserver à Robert Mugabe. ‘Le Zimbabwe a une opportunité d’emprunter une nouvelle voie’, a estimé le secrétaire d’État américain Rex Tillerson, ‘le peuple du Zimbabwe doit choisir son gouvernement’.

Le président ivoirien Alassane Ouattara a été plus direct. ‘Il est temps qu’il (M. Mugabe, NDLR) cède son fauteuil à une nouvelle génération’, a-t-il estimé. ‘Il faut que le président Mugabe puisse quitter ses fonctions dans la dignité. C’est le message que j’ai transmis au président de l’Union africaine (le Guinéen Alpha Condé). Le président Mugabe est une personnalité qui a consacré une bonne partie de sa vie à son pays et à la libération de son pays de la colonisation’, a déclaré Ouattara, en marge d’une cérémonie à Abidjan. Pour lui, le chef de l’État zimbabwéen, âgé de 93 ans, ‘a été objet de respect et même d’adulation de beaucoup d’Africains et de jeunes Africains, mais le monde a changé et ce qui se passe au Zimbabwe interpelle tous les hommes politiques et pas seulement les chefs d’État africains’.

Source: lepoint.fr

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