OPÉRATION EPERVIER : POURQUOI ABAH ABAH A ÉTÉ ACQUITTÉ

Le juge a estimé que l’ancien ministre ne peut « en aucun cas » avoir agi en complicité avec Lydienne Eyoum.

Polycarpe Abah Abah était accusé d’avoir délivré à Me Lydienne Eyoum, un pouvoir spécial qui a permis à cette dernière de saisir les sommes querellées. Si le pouvoir spécial a permis à Lydienne Eyoum de virer l’argent dans son compte personnel, le juge Yap Abdou soutient que ce pouvoir spécial a toutefois été établi conformément aux dispositions et aux exigences de l’acte uniforme Ohada. « Je soussigné Abah Abah Polycarpe, donne pouvoir spécial à Me Lydienne Yen Eyoum de recouvrer au nom et pour le compte de l’Etat du Cameroun,… », avait écrit Abah Abah.

«Le défaut de mention du numéro de compte de l’Etat du Cameroun (comme allégué par l’accusation) ne peut démontrer qu’il y a un lien de complicité de détournement de deniers publics car, le pouvoir spécial de M. Abah Abah comporte la mention au nom et pour le compte de l’Etat du Cameroun. Même si M. Abah Abah a fait preuve de maladresse et de manque de rigueur en oubliant d’indiquer le numéro de compte de l’Etat du Cameroun, il n’en demeure pas moins vrai que les termes employés étaient clairs et univoques. »

Par ailleurs, il était reproché à Abah Abah d’avoir « marqué une fin de non recevoir lorsque le secrétaire général des services du Premier ministre lui a demandé de restituer les sommes saisies par Me Eyoum » . Dans une correspondance adressée au secrétaire général des services du Premier ministre, le secrétaire général de la présidence de la République lui faisait savoir que « le chef de l’Etat, Paul Biya a marqué son accord pour le rétablissement de la Sgbc dans ses droits et de rembourser les sommes indument perçues sur ses avoirs ». Le Sg/Pm à son tour a écrit au ministre des Finances, Abah Abah, pour lui demander « d’arrêter toutes actions engagées ou envisagées contre la Sgbc ».

Dans sa réponse au Sg /Pm, Abah Abah rétorque que « la saisie attribution pratiquée sur la Sgbc tire son fondement à la suite des décisions de justice. L’Etat doit être un exemple de soumission », écrit Abah Abah. Pour l’accusation, Abah Abah avait refusé d’exécuter les « hautes instructions » du président de la République dans l’optique de détourner l’argent saisi dans le compte de la Sgbc.
Fautes administratives

Le juge ne partage pas cet avis. « Si on peut reprocher à Abah Abah son insubordination face aux hautes instructions de la hiérarchie, ce qui s’apparente à des fautes administratives, il n’apparait nulle part qu’il a participé avec Lydienne Eyoum au détournement de deniers publics. La coaction de détournement de deniers publics n’est donc pas avérée. Il convient de l’en déclarer non coupable pour faits non établis », conclut le juge. Abah Abah est acquitté, mais il n’est pas libre. En effet, l’ancien directeur des Impôts est poursuivi dans une autre procédure actuellement pendante au Tribunal criminel spécial. Celle-ci, dans laquelle il est toujours coaccusé, concerne l’ancien directeur général du Crédit foncier du Cameroun, Emmanuel Edou.

Aussi, l’ancien ministre est sous le coup d’une condamnation de six ans de prison pour « tentative d’évasion », infligée en 2012 par le Tribunal de première instance de Yaoundé- Ekounou. Les avocats d’Abah Abah ont relevé appel de cette décision. L’affaire se trouve actuellement au niveau de la Cour d’appel du Centre. Deux arguments que la justice possède pour maintenir Abah Abah en prison où il va continuer de séjourner. En attendant l’issue de ces autres affaires.

© Le Jour : Eitel Elessa Mbassi

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